Une nouvelle histoire : prolégomènes.

 Une nouvelle histoire


Prolégomènes


Mai 2016, aéroport international JFK, New-York City


Il est déjà plus de 18h sur place, 6 pm, soit minuit passé en France, tout s’enchaîne, mais si lentement. Je viens de passer l'étape de l'immigration. Après ce fut une nouvelle attente dans la salle des tapis roulants qui crachent les bagages. Une vieille dame élégamment vêtue, se rapproche de moi. Elle me parle, mais juste un mot, le même, plusieurs fois, le visage défiguré par la panique. « Moscou, Moscou, Moscou ». Je viens de comprendre, elle est russe et ne comprend pas bien l'alphabet latin. J'échange avec elle par gestes, je l'amène vers le tapis roulant numéro 2, Moscou, je retourne vers le 4, Paris. Je crois en avoir bientôt fini, mais je me retrouve dans une nouvelle file d'attente. C'est le passage aux douanes maintenant, je sors le papier bleu rempli dans l'avion, l'agent me scrute, écrit dessus, le tamponne et le met dans un carton. Cela se déroule assez rapidement cette fois. Next !


Je cherche la sortie, je suis fatigué, j'ai envie de fumer, j'ai des cigarettes mais rien pour les allumer. Je rallume et consulte mon portable. Il accroche la bande fréquence US et quelques secondes plus tard, je reçois un SMS de mon opérateur qui m’informe… que je suis aux USA, et me détaille les coûts d'utilisation du mobile dans ce pays. J'ai un autre message : le point de RDV est un kiosque à journaux supposé se trouver par là. Je ne le trouve pas du regard. Je m'éloigne, me met de côté, contourne la foule qu'avec ma fatigue je trouve irritante. J'entends quelqu’un crier derrière moi, «Hey, Laurent, where are you going, mon ami ?». Je me retourne. D. est là. Hug à l'américaine, direction un parking. Enfin dehors, je regarde le magnifique ciel bleu légèrement nuageux sur le Queens et Brooklyn, la chaleur est douce et mon émotion gigantesque. D. me donne une boite d'allumette. J'en craque une, allume et grille intensément une blonde, en sa compagnie, avant de m'installer dans son imposant SUV. Direction Manhattan. 







La dernière fois que j’avais vu D., c’était presque un an plus tôt, à Londres.


Cela faisait alors quelque temps, que j'avais définitivement fermé les quelques vestiges de mes sites internets et mon blog, inactifs depuis 4 ans, tous sur le thème brûlant de la fessée. Lors de l'arrivée d'internet, je n'ai pas attendu le contenu en français sur ce sujet. Je l'ai écrit, comme on glisse un message à l'intérieur d'une bouteille jetée à la mer. Celle-ci étant numérique, je n'attendis pas très longtemps une puis des réponses. Grâce à cette production, de fil en aiguille, j'ai correspondu avec bien d'autres personnes, mes semblables en quelque sorte. J'ai rencontré, pratiqué aussi. Je sais que le temps fera son œuvre, que des liens se distendront. Qu'importe. Je prends désormais le temps de lire les autres sites, piratage massif aidant je visionne des vidéos sur le thème de la fessée, je cherche en vain sur internet, sur ebay, sur etsy, une tawse que j'ai vu dans l'une d'elle.


Mes sites ne me manquent pas. Je suis même soulagé. J’étais épuisé, comme au bout de cette histoire, comme à la fin d'un cycle. Une autre génération est arrivée, celle née avec Internet. J'espère que grâce à lui, elle ne connaîtra pas, ou moins, la longue solitude qui fut la mienne, tant mon obsession de la fessée fut juvénile. J'ouvre un nouveau cycle. Je m'amuse, sagement en apparence, avec tweeter. L'arrêt des activités de webmestre, me rend du temps. Je me réoriente professionnellement vers une activité moins chronophage. Je prends soin de moi. Je veux voyager. Car j'ai un rêve de gamin inassouvi : visiter New York. Je n'ai plus pris l'avion, des Paris-Toulouse, pour mes activités professionnelles, depuis 2010. Je commencerais plus modestement. Et en train. Ce sera donc Londres. Dans quelques semaines, en mai, la météo sera plus clémente, même en Angleterre. L'idée a germé.


En attendant, je continue mes pérégrinations sur le net. Je tombe sur le site d'un certain Andy, qui interview des professionnelles. Je ne suis pas naïf et je sais que cela existe dans le domaine du BDSM. Je m'étais intéressé à l'aspect business de la fessée, dans le cadre de mes sites. L'une d'elle m'amuse, elle parle surtout de fessées, de châtiments corporels. Je la trouve sur tweeter, like quelques-uns de ces gazouillis, répond à d'autres, et le contact se noue ainsi. Il ne s'agit pas de la rencontrer, encore moins de booker une « session ». Dominatrice professionnelle, c'est son job d'appoint. Elle vit à New-York, et curieusement écrit un anglais approximatif qui tranche avec son intelligence apparente. Son visage est un mystère. De toute façon, donner la fessée, à une dominatrice professionnelle, qui vit aux États-Unis de surcroît, que je ne connais (virtuellement) qu'à peine, relève de la science-fiction.


Non, c’est tout autre : je lui fais part de ma vaine recherche d’un modèle de tawse, je lui envoi par mail, une image de celle-ci, extraite d’une très ancienne vidéo. Elle ne connaît pas le modèle, mais me donne l’adresse mail personnelle de l'un de ses « fournisseurs » de jouets, et me dit de me présenter de sa part. Mais « Mike » du site « ouch » m'écrivit en premier. Je lui envoi la même photo. Il me répond que cela semble très ancien, qu'il n'avait jamais vu ce modèle mais qu'il pouvait sans doute réaliser quelque chose de très approchant. Il est basé dans le grand Londres. Comme j'ai prévu d'aller à Londres, il sera plus simple dans parler en direct. Mon imagination s'emballe. Sur cette base, ce Mike là peut même me créer un objet unique au monde.


Et en parallèle dans les vidéos que je regarde, il y a une anglaise, qui en gouvernante, en directrice de pensionnat (headmistress), en gardienne de prison, donne la fessée, à la main, puis avec des instruments, notamment la cane, qui semble très pénétrée par son rôle. Un regard hypnotisant. Une grande maîtrise. Elle semblait y prendre beaucoup de plaisir. Par contre, à l'exception d'une, dans toutes ces vidéos, étalées sur des années, il n'y a que des femmes. Les vidéos sont anciennes. Je la retrouve sur tweeter. Elle a beaucoup changé. C'est une femme mure qui a conservé son charme et son regard. Mais, Miss B. a repris ses activités. Un homme apparaît désormais dans les nouvelles vidéos. Toujours le même. Il est « switch », il châtie des femmes, et parfois Miss B. le puni. J’apprends au passage qu’elle est basée... à Londres.


Nous sommes en avril, Mrs W, la dominatrice New-yorkaise annonce sur tweeter qu'elle va bientôt faire un séjour en Europe. Il est question du Femdom Fetish Ball qui se déroula à Londres fin juin. C'est un bal très ancien qui réunit surtout des dominatrices (professionnelles), très fétichiste, très SM. J'en connais l'existence mais cela ne m’intéresse pas du tout. Je note juste que Mrs W. se rendra brièvement à Paris, avant ce bal. Elle me recontacte pour quelques questions pratiques sur son bref séjour à Paris. Nous commençons à de plus en plus échanger.


Début mai, le destin m'a fait le coup de la panne.

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